Performance, installation | 2009
Performance
Le 13 novembre 2009, le Dollaralia project donnait durant le temps d’un encan (vente aux enchères) la possibilité aux spectateurs présents d’acquérir un objet d’art, mis à prix un dollar. Ces « coquilles » en cire d’objets désévaluées, vendus par Dollarama (magasins à prix unique) n’ont aucune utilité, il sont juste la forme, l’enveloppe maladroite et fragile qui se place au delà de l’objet réel.
En demandant au spectateur d’évaluer leur valeur, d’offrir à ces « sous-objets » une cote, j’ai voulu étudier le processus de spéculation qui entoure chaque objet et particulièrement l’objet d’art. Au delà d’une valeur réelle de l’objet (prix fixé des matériaux, temps de travail, utilité) la cotation est en réalité le sens unique que prend l’objet pour chaque individu. Ce sens n’est valable pour l’homme que s’il est partagé: il s’intègre alors dans un second système d’ordre social, comparatif et codifié, qui est aux coeur du jeu spéculatif.
Installation
Comment rendre compte d’une expérience performative passée sans en perdre le sens ?
Dans sa réexposition, l’action a perdu sa légitimité, remplacée par des reliques post-performatives : le phénomène de spéculation interrogé lors du Dolloralia project ne peut plus exister dans le cadre d’une exposition. Le lieu détermine une certaine valeur « artistique » de l’objet exposé.
Ces objets ont cependant le pouvoir de retranscrire l’idée de la performance en étant offerts comme données informatives pures. Scannés ou photographiés, ils sont transposés dans le champ du virtuel où ils pourront à nouveau être considérés à valeur égale, comme documents.
Rassemblées sous la forme d’une interface interactive (écran tactile), ces images permettent au spectateur de définir un nouveau cheminement spéculatif et d’en alimenter le contenu. S’instaure ainsi un système d’évaluation subjective n’ayant plus une valeur marchande mais critique.
En résonance avec le Dollaralia project, cette proposition poursuit l’idée de vote, d’interaction, sous une forme nouvelle adaptée à son évolution. Elle marque aussi le caractère rétro-actif du phénomène spéculatoire : Amplifiée arbitrairement, cette surévaluation atteint finalement un état limite provoquant sa régulation, voire sa disparition.